Nous relayons un article de l’organisation internationale GRAIN (qui soutient la lutte des paysans et des mouvements sociaux pour renforcer le contrôle des communautés sur des systèmes alimentaires fondés sur la biodiversité) :

L’Amérique latine subit, de la part des transnationales de l’agroalimentaire, une offensive d’une intensité extrême qui rappelle celle qui avait été vécue dans le cadre de la Révolution verte des années 1960 – la première – ou lors du premier débarquement de transgéniques dans les années 1990. D’un bout à l’autre du continent américain, et sous différentes formes, l’invasion par les transgéniques menace la possibilité, pour des millions de paysans, de peuples indigènes et de consommateurs et consommatrices, de cultiver la terre et de s’alimenter. La liste inclut presque tous les pays et, pour ne mentionner que les cas les plus récents, commençons notre tour d’horizon dans le Sud avec le coup d’État parlementaire au Paraguay dont l’un des objectifs était d’obtenir l’autorisation de cultiver du maïs transgénique que le gouvernement tente en réalité déjà de mettre en œuvre. En Argentine, Monsanto veut construire la plus grande usine d’Amérique latine pour transformer le maïs transgénique ; il veut aussi modifier la loi sur les semences pour l’adapter à ses besoins. Dans la région andine, nous nous inquiétons des tentatives de rompre l’interdiction des OGM en Bolivie et en Équateur à l’aide d’arguments douteux. Au Costa Rica, la Comisión de Bioseguridad tente d’approuver un maïs transgénique. Ce n’est pas un hasard si presque partout, le maïs, notre maïs, est la principale cible de ces agressions. Il n’est pas fortuit non plus que le Mexique soit le foyer d’une des agressions les plus brutales.

[…] L’approbation des premières demandes des transnationales Monsanto et Pioneer (propriété de DuPont) pour planter du maïs à échelle commerciale au Mexique est à l’étude : un million quatre cent mille hectares dans le Sinaloa et plus d’un million d’hectares dans le Tamaulipas. […] Ils veulent planter, sur plus de la moitié de ces terres, le même type de maïs transgénique (avec le gène Mon603) qui a produit le cancer chez des rats dans l’expérience menée par le docteur Séralini en France, dont les résultats ont été publiés en octobre 2012.

S’il est approuvé, ce maïs d’irrigation, semé dans les mois à venir, se répandra à travers le Mexique au milieu de l’année prochaine. Il inondera les grandes villes – la région métropolitaine du District fédéral, Tijuana, Monterrey, Guadalajara – et d’autres villes de taille moyenne, en suivant les voies de distribution habituelles, exposant ainsi la population à de graves dangers. Ce maïs sera consommé directement dans des aliments comme les tortillas, les atoles, les tamals ou pozols ou indirectement dans d’innombrables aliments transformés qui en contiendront sous forme d’édulcorant, d’émulsifiant, d’agent de stabilisation ou d’excipient. Il sera très difficile d’en retracer l’origine. […]

Le Mexique est un centre d’origine et de diversité du maïs. Il existe plus de 59 races reconnues et de milliers de variétés qui seraient irrémédiablement contaminées. Ce sont les peuples indigènes et paysans qui ont créé et maintenu ce trésor génétique du maïs, l’une des principales cultures dont dépend l’alimentation humaine et animale sur la planète. […]

Les preuves scientifiques disponibles montrent qu’une fois que le maïs transgénique aura été semé n’importe où au Mexique, il sera impossible d’éviter les flux de transgènes vers les variétés natives, ce qui remettra en question, non seulement la viabilité du maïs natif mexicain, mais bouleversera également le mode de vie de millions de personnes, y compris les paysans, les producteurs agricoles à plus grande échelle et les consommateurs.

Il s’agit donc d’une alerte rouge mondiale qui concerne l’agriculture et la biodiversité, car la contamination transgénique irréversible de cet immense centre d’origine de la merveilleuse plante – l’une des quatre cultures essentielles pour l’humanité – signifie la destruction la plus brutale des stratégies de survie de l’humanité dont on aura jamais entendu parler, ainsi que celle de la subsistance, de la sécurité et de la souveraineté alimentaires véritables des populations urbaines et rurales. Jamais auparavant on a érodé à si grande échelle, sur un si vaste territoire et sur un volume si imposant, le patrimoine génétique d’une culture dans son centre d’origine, et jamais auparavant on a attenté de manière si directe et massive contre la vie d’un peuple qui consomme en moyenne « 115 kilos de maïs par personne par année » (comme l’indique Ana de Ita du Centro de Estudios para el Cambio en el Campo Mexicano-Ceccam). Lire l’article complet…

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