Objectif, zéro déchet, zéro gaspillage ! C’est ce que sous-tend l’expression Zero Waste (waste étant entendu dans ses deux acceptions : autant déchet que gaspillage).

L’initiative provient de Paul Connet, professeur émérite de chimie environnementale aux Etats-Unis et auteur de The Zero Waste Solution. Selon lui, « Si vous ne pouvez pas réutiliser un produit, ni le composter, ni le recycler, alors l’industrie ne devrait pas le fabriquer. »

En effet, c’est toujours bon de le rappeler : le meilleur des déchets, c’est celui qu’on ne produit pas.

Chaque français produit encore chaque année 600kg de déchets en moyenne. Ces déchets sont pour la plupart enfouis dans des décharges à ciel ouvert. Sans traitements et en mélange, il y a méthanisation (libération de méthane, gaz à effet de serre 21 fois plus puissant que le CO2) et libération de lixiviats, qui contaminent durablement les sols, les eaux…

Autre solution, l’incinération… dont la fumée relâchée – après filtres et traitement – contient encore près de 2000 molécules différentes, dont dioxine et métaux lourds. Et que faire des 30% de mâchefers, ces déchets (incombustibles) dangereux ?

Outre la pollution générée par ces installations, il faut comprendre que ce sont des entreprises qui ont besoin de déchets pour fonctionner : ainsi, en mal de déchets dans certaines régions, des incinérateurs importent des déchets, d’Angleterre notamment…

La seule alternative finalement face à un projet d’incinérateur, c’est de faire en sorte qu’il soit inutile et obsolète. Comment ? En réduisant à la source les déchets. Pour cela, 3 axes, proches des 3R que l’on connaît bien (Réduire, Réutiliser, Recycler) :

1 Concevoir des produits durables, qui génèrent le moins de gaspillage de ressources possible ;
2 Allonger la durée de vie et d’usage des biens ;
3 Préserver la matière.

Un quatrième principe transversal vient s’ajouter à la démarche, celui de la dimension collective, participative et sociale d’un tel projet.

L’éco-conception

Pour fabriquer une voiture d’une tonne, il faut en réalité 70 tonnes de matériaux divers. Pour fabriquer un jean de 600g, il faut 32kg de matières premières et 8000L d’eau… De même, la production d’un steak nécessite 5000L d’eau en amont… C’est ce qu’on appelle l’énergie grise : l’ensemble des ressources nécessaires à la fabrication d’un objet. Elle échappe bien souvent à notre raisonnement, et pourtant, elle révèle l’impact réel de notre consommation sur les ressources de la planète.

L’éco-conception, une dimension supplémentaire mais indispensable dans la conception d’un produit, tient compte de l’impact environnemental durant TOUT le cycle de vie (analyse minutieuse du cycle de vie). Saviez-vous par exemple que la fabrication, le transport et la fin de vie d’un ordinateur émettent autant de CO2 que son utilisation pendant 82 ans ??

L’économie circulaire

Dans les écosystèmes naturels, la notion de déchet n’existe pas, la matière est dans un cycle. On peut dire que c’est là la base de l’économie circulaire. Contrairement à l’économie linéaire, elle inclut donc la notion réaliste de système fermé, où les ressources ne sont pas infinies.

Une vision idéaliste de l’économie circulaire est portée par la certification Cradle-to-cradle (« du berceau au berceau », et non pas du berceau à la tombe) et la notion d’upcycling : le but n’est même plus d’obtenir un impact neutre mais carrément positif du produit sur son environnement, il engage le produit dans un cycle infini de réemploi, considéré in fine comme un organisme vivant, ou une « banque de matière » évolutive dans le temps…

Contre l’obsolescence programmée et technique

Lorsqu’un objet de consommation est programmé pour tomber en panne au bout d’un certain nombre d’utilisations, on parle d’obsolescence programmée. L’obsolescence technique quant à elle, concerne plus globalement l’utilisation de matériaux de mauvaise qualité, créant des objets à durée de vie réduite. Contre cela, de nombreuses initiatives voient le jour, comme les Repair Cafés, qui regroupent des réparateurs volontaires, les Fablabs (laboratoires de fabrication, où l’on peut d’ores et déjà côtoyer des imprimantes 3D), ainsi que de nombreuses ressources en ligne pour apprendre à tout fabriquer, et tout réparer par soi-même : « do it yourself » ! Ces initiatives participent d’une volonté de réappropriation de savoirs, de savoir-faire, dans un esprit « opensource ».

Autres axes à développer…

Pour continuer à réduire nos déchets : le retour de la consigne, la vente en vrac, la réparation et le réemploi (telles les ressourceries) la mutualisation (privilégier l’usage plutôt que la possession) etc…

Lutter contre le gaspillage alimentaire est aussi primordial : entre 1/3 et 50% (selon les sources) de la production alimentaire mondiale est jetée : c’est une aberration sociale et environnementale qui représente 750 milliards d’euros dans le monde…

Il faut enfin savoir que la gestion publique des déchets coûte plus de 10 milliards d’euros par an (financée par les impôts locaux) à la France ; s’engager dans une démarche de réduction des déchets permet des économies substancielles, que la collectivité peut ensuite réinjecter dans des systèmes de réduction des déchets encore plus efficients et plus économes, c’est le commencement d’un cercle vertueux qui permet aussi la création d’emplois.

En 2010 en France, 15 millions de tonnes de matériaux recyclés ont été réintégrés dans la production ; ce recyclage a permis d’économiser l’équivalent de 17 millions de barils de pétrole. Un tri sélectif rigoureux et efficace – aujourd’hui peu structuré, peu développé – est un axe majeur du projet Zero Waste.

Citoyens, porteurs de projets, associations, entreprises, collectivités, élus, enseignants, militants, tous peuvent s’engager à leur niveau dans un objectif Zero Waste !

Si le sujet vous intéresse, je vous conseille le petit livre qui m’a inspiré cet article : Le scénario Zero Waste et le site Zero Waste France

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